Le patrimoine culturel rassemble un large éventail de ressources héritées du passé, sous toutes leurs formes et leurs différents aspects, notamment les monuments, les sites, les paysages, les savoir-faire, ...

En tant qu’héritage historique et culturel, le patrimoine du bassin de la Loire et ses affluents constitue un enjeu majeur qu’il est indispensable de préserver. En effet, lorsque l’on parle de ce patrimoine, on parle d’un bien unique et non renouvelable, qui doit être préservé, valorisé et transmis aux générations futures. Ainsi, dès le début des années 2000, la prise en compte du risque inondation a conduit l’Établissement public Loire, en partenariat avec l’État, à dresser un inventaire du patrimoine culturel exposé au risque inondation. La Directive européenne Inondations de 2007 abonde en ce sens, en fixant pour objectif de réduire les conséquences négatives des inondations notamment sur le patrimoine culturel. Autrement dit, elle incite à mettre en oeuvre le recensement de ces enjeux ainsi que les moyens de réduction de leur vulnérabilité. >> Plus d'infos sur 2018, année européenne du patrimoine culturel

Crédit photo : Ludovic Letot

Aujourd’hui, sur le bassin de la Loire et ses affluents, plus d’1,5 millions de personnes et plus de 20 000 entreprises sont en zones inondables. En cas de crue de type 1866, les dommages directs pour l’habitat et l’activité économique se chiffreraient en milliards d’euros.

Plusieurs milliers de biens patrimoniaux présents sur le bassin sont plus ou moins vulnérables au risque inondation. Les dégâts causés peuvent être particulièrement graves pour ceux-ci étant donné :

Crédit photo : Établissement public Loire

Les rapports de l’homme au fleuve sont riches d’une histoire et d’une culture très ancienne. S’agissant de la Loire, l’alliance des oeuvres de la nature et de la culture, en particulier à la Renaissance, a suscité l’inscription d’une grande partie de son cours d’eau au patrimoine de l’humanité. Cette dernière oblige les ligériens à respecter et à protéger les atouts distinctifs de cette particulière harmonie. L’enjeu pour le bassin consiste à mieux connaître les éléments ainsi que les ingrédients naturels et culturels essentiels au devenir du territoire. >> Plus d'infos sur les critères d'inscription UNESCO ainsi que sur l'inscription du val de Loire au patrimoine mondial".

Crédits photos : Tous droits réservés - Bertrand Deshayes - Établissement public Loire

La notion de vulnérabilité correspond à la propension d’un enjeu à subir les dommages causés par un aléa donné. Recenser les vulnérabilités consiste à identifier pour chaque enjeu (bâtiments, réseaux, oeuvres d’art, ...), l’impact subi lors d’une inondation. Par exemple, une inondation peut provoquer de nombreux dégâts dans un musée : oeuvres d’art détériorées, réseaux électriques inutilisables, présence d’humidité dans les murs et le sol, etc. Au-delà de la perte patrimoniale stricto sensu, le musée sera également impacté d’un point de vue économique par sa fermeture au public. Il convient donc de recenser tous les points sensibles, afin d’identifier leur vulnérabilité face aux inondations ainsi que des solutions permettant de limiter les dégâts et d’accélérer le retour à une situation normale. Le recensement concerne les différents types de biens culturels, protégés ou non, et représentant une valeur patrimoniale reconnue par la collectivité. >> Plus d'infos sur la réduction de la vulnérabilité aux inondations du patrimoine culturel inondable

Crédit photo : Établissement public Loire

L’intervention de l’Etablissement public Loire dans la réduction de la vulnérabilité aux inondations du patrimoine culturel s’inscrit en lien avec l’élaboration ou la mise en oeuvre des stratégies territorialisées de gestion du risque inondation.

2 INSTRUMENTS
• Une méthode de recensement du patrimoine en zone inondable en fonction du degré d’exposition au risque
• Un outil d’autodiagnostic de vulnérabilité simple et robuste à destination des propriétaires/gestionnaires de biens culturels

Leur déploiement permet d’identifier l’ensemble des biens culturels patrimoniaux sensibles au risque inondation sur le bassin de la Loire et ses affluents.

En l’état, plus de 450 enjeux (monuments historiques, immeubles et objets inscrits, archives, bibliothèques, musées, « patrimoine non protégé » mais ayant une valeur forte pour la collectivité) ont ainsi pu être recensés sur 5 territoires déjà étudiés. >> Téléchargez le livret de vulgarisation "Réduction de la vulnérabilité des biens culturels patrimoniaux">

Crédits photos : Tous droits réservés - Établissement public Loire

Après le recensement conséquent des enjeux sur 5 territoires, l’Établissement public Loire poursuit le déploiement de cette action sur l’ensemble du bassin fluvial, avec la mise à disposition des propriétaires/gestionnaires de biens culturels, d’un autodiagnostic de vulnérabilité ainsi que d’une cartographie interactive.


Crédit photo : Établissement public Loire

En France, le risque inondation est le premier risque naturel par l’importance des dommages qu’il provoque. Près d'une commune sur deux est concernée sur l’ensemble du territoire qu’il s’agisse de zones urbaines ou rurales.

À titre d'exemple, sur le bassin de la Seine, en mai-juin 2016, Montargis (45) a été touchée par des inondations historiques de la rivière, le Loing. Son musée Girodet, n’a malheureusement pas été épargné par le désastre. La quasi-totalité de ses collections, stockées dans une réserve provisoire à l’extérieur de ce dernier alors en travaux, s’est retrouvée sous l’eau. 80 % de ces 3 000 oeuvres ont alors été impactés. Grâce à une importante mobilisation, l’ensemble des oeuvres a pu être restauré.

Lors de ce même épisode ou bien encore début 2018, plusieurs grands établissements culturels parisiens, dont le Louvre et le musée d’Orsay ont dû fermer leurs portes pendant plusieurs jours face à la montée des eaux. Au Louvre, ce ne sont pas moins de 35 000 oeuvres, soit 25% des 152 000 oeuvres conservées en zones inondables, qui ont pu être mises à l’abri en 48 heures grâce à un dispositif de gestion de crise rôdé depuis plusieurs années.

En effet, le plan de prévention des crues et des inondations établi dans certains musées détaille les mesures pratiques à mettre en oeuvre en cas de catastrophes naturelles : les oeuvres à évacuer en premier, lesquelles protéger sur place et réhausser, quand fermer le musée, dans quel lieu de stockage d’urgence mettre les collections à l’abri, quelles sont les modalités de gardiennage dans les lieux de stockage… A l’extérieur, des mesures complémentaires peuvent être mises en place comme l’installation de systèmes de digues amovibles ou de protections gonflables.

Crédits photos : Touts droits réservés - Muséé Girodet - pixabay - Hélène Combis-Schlumberger - Chiffres sources EPRI 2011

Aujourd’hui, alors que les risques naturels ont tendance à se renforcer et à augmenter en Europe, la question se pose plus que jamais d’améliorer la préservation de notre patrimoine culturel, pour nous, mais aussi pour les générations futures. En effet, de l’ordre de 250 000 européens sont affectés chaque année par les inondations, avec de graves conséquences sociales et économiques estimées à environ 6 milliards d’euros par an. Dans l’Union européenne, 400 biens du patrimoine culturel sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, comme le royaume des jardins de Dessau-Wörlitz, sur le bassin de l’Elbe en Allemagne. 7 Européens sur 10 déclarent vivre à proximité d’un élément du patrimoine culturel. Les fleuves et rivières ne connaissant pas de frontières, des coopérations européennes se développent afin de mieux appréhender la problématique de la prévention des risques naturels notamment dans une perspective de protection du patrimoine, de faire émerger des bonnes pratiques et de coordonner les interventions en cas d’urgence. Les inondations de 2002 et 2013 en Europe Centrale ont gravement endommagé des biens du patrimoine culturel – biens architecturaux, biens artistiques, documents écrits et dessins. Des pays tels que l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, la Suisse... s’organisent aussi afin de préserver leur patrimoine.

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