Naussac et Villerest, les deux barrages structurants pour améliorer la capacité à faire face aux pénuries d’eau sur les deux axes Allier et Loire ont eu un rôle majeur en 2022. Délivrant plus de 170 millions de m3, leur gestion a permis d’atténuer les conséquences de la sécheresse exceptionnelle tout en limitant les restrictions pour les usagers. A l’échelle des 2 axes Allier et Loire, ce sont plus de 2,8 millions d’habitants qui bénéficient de prélèvements dans les deux cours d’eau et leurs nappes d’accompagnement pour l’alimentation en eau potable.
Comment se reconstituent les réserves d’eau ? Quelles solutions pour préparer l’étiage dans les prochains mois ?
Hiver 2023 : reconstitution des réserves en cours, mais dépendante des précipitations
Fin 2022, malgré des débits restés faibles pour la saison, l’Etablissement public Loire, propriétaire et gestionnaire de Naussac et Villerest, a engagé le remplissage des deux retenues pour préparer l’étiage 2023.
Celle de Villerest a bénéficié d’une hydrologie favorable à la fin décembre pour atteindre le 3 janvier 130 millions de m3, volume maximal d’exploitation autorisé à cette saison.
A Naussac, après le soutien d’étiage qui s’était prolongé jusqu’au 4 décembre dernier, des précipitations ont permis le début du remplissage de la retenue, par dérivation gravitaire du Chapeauroux, et même durant quelques jours par pompage dans l’Allier lors d’épisodes pluvieux plus intenses. Le stock dans la retenue s’élève ainsi le 18 janvier à 57 millions de m3 (environ 30% du volume maximal), soit une augmentation de 9 millions de m3 en un mois et demi.
Pour les semaines à venir, les installations sont opérationnelles pour poursuivre le remplissage, sous réserve de précipitations.
Etiage 2023 : probabilité forte d’un stock de Naussac significativement inférieur à son maximum autorisé
Si la retenue de Villerest est déjà remplie à son maximum, la probabilité de remplissage complet de celle de Naussac avant les basses eaux 2023, calculée le 1er janvier dernier, n’est que de 1/10. En effet, pour reconstituer la réserve après une année 2022 très sèche et caniculaire, il faudrait un hiver et un printemps très humides, tels qu’il en arrive statistiquement une fois tous les 10 ans. Autre indication, l’Etablissement public Loire estime qu’il y a 50% de chance pour que le barrage soit rempli à hauteur de ce qu’il était en mai 2022 (143 millions de m3, volume supérieur au plus fort soutien d’étiage connu depuis la mise en service de Naussac). Depuis le 1er janvier, le climat est resté sec sur l’Allier amont. Sans précipitations importantes d’ici la fin du mois, la probabilité de remplissage risque d’être encore plus basse au 1er février, date du prochain calcul.
Un levier d’action : l’anticipation
L’Etablissement public Loire a anticipé ce besoin de remplissage plus de 2 fois supérieur à celui d’une année moyenne. Pour ce faire, le calendrier de travaux a été modifié pour assurer la disponibilité de l’usine de pompage de Naussac. Il a également provisionné des moyens financiers dans un contexte de hausse des coûts de l’énergie. Par ailleurs, il a demandé une dérogation pour éviter les déstockages éventuels en cas d’étiage hivernal.
Cette préparation de la saison 2023 con-cerne l’ensemble des usagers et riverains. Ainsi, lors de la réunion de la commission de suivi de l’aménagement de Naussac du 12 janvier, il a pu être rappelé par les services de l’Etablissement l’importance d’anticiper d’éventuelles pénuries d’eau en 2023. A titre d’exemples, certains agriculteurs ont commencé à réfléchir à l’adaptation des assolements, et certaines collectivités, à étudier la modification des prises d’eau, pour permettre l’alimentation des stations de production d’eau potable avec des niveaux dans les cours d’eau plus bas.
Le Comité de gestion des réservoirs de Naussac et Villerest et des étiages sévères devrait, quant à lui, se réunir le 21 février prochain.
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